Consultant pour But! Sainté, l’ancien latéral des Verts, Fousseni Diawara, revient sur la récente vente avortée du club. Et sur l’avenir.
« Depuis le début, j’ai pris la possibilité du rachat de l’ASSE par Peak6 avec beaucoup de précaution et de méfiance. Par le passé, j’ai vu plusieurs fois des deals annoncés comme actés finalement capoter, que ce soit à Marseille ou ailleurs. Je pense pas que l’échec des négociations soit une mauvaise chose. Sincèrement, je suis ni déçu ni content. Je fais des constats très simples : oui, le projet que les Américains souhaitaient mettre en place pouvait être intéressant mais c’est bien beau d’avancer avec des grands discours, ce qui compte c’est le concret. Quel investisseur va venir ? Que va-t-il proposer concrètement ? Quels moyens concrets va-t-il mettre à disposition pour faire grandir le club et l’amener dans le Top 5 ? A Saint-Etienne plus qu’ailleurs, tu ne peux pas faire n’importe quoi sous prétexte que tu as de l’argent. Les dirigeants l’ont dit dès le départ : ils ne vendront pas à n’importe qui, n’importe comment.
« Pour que Gasset puisse faire quelque chose : il faudra qu’on lui mette à disposition des joueurs de qualité et ça, ça a un coût. »
Bien sûr, avec cette histoire Peak6, on a perdu du temps dans la préparation de la saison prochaine mais cette expérience malheureuse doit servir pour la prochaine fois… Lorsque les dirigeants mèneront une nouvelle négociation exclusive. L’une des raisons évoquée pour l’échec des négociations était que Peak6 ne voulait plus de Jean-Louis Gasset sur le banc. Cela peut paraître étonnant car il s’agit quand même d’un coach qui a fait de l’excellent travail durant plus de six mois. Après, on ne peut pas se mettre à la place d’un investisseur. Ce n’est pas nous qui mettons l’argent et il est difficile de raisonner de la même façon. Peut-être que le projet présentait une dimension qui nous échappe et que Jean-Louis Gasset ne représentait pas les souhaits de Peak6. Aujourd’hui, les discussions sont terminées et il est probable que Gasset reste chez les Verts. Le groupe va donc continuer à évoluer dans un cadre de travail bien défini, mis en place depuis un petit moment. Cela va déjà permettre de gagner un peu de temps. Maintenant, pour que Gasset puisse faire quelque chose : il faudra qu’on lui mette à disposition des joueurs de qualité et ça, ça a un coût.
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J’espère que la deuxième partie de saison a mis la puce à l’oreille à nos dirigeants. Si on veut des joueurs de qualité, des internationaux, il y a des exigences auquel il faut répondre. Pour grandir, l’ASSE a dû casser son Salary Cap. Je pense que c’est effectivement l’une des solutions de continuer sur cette voie. L’investissement doit être conforme aux ambitions. L’an passé, on était dans une année de transition, avec l’arrivée d’un nouveau coach (Oscar Garcia). On lui a fait un recrutement sur lequel il n’a pas eu la mainmise. Quelles étaient les ambitions à l’époque ? Reconstruire, faire du beau jeu. Il n’y avait pas d’exigence de résultat immédiat. Aujourd’hui, on n’en est plus là. Avec Jean-Louis Gasset, on a eu pendant six mois une équipe qui a mis l’eau à la bouche aux supporters. On ne peut pas se permettre, au premier Mercato, de laisser les supporters stéphanois sur leur faim. Pour moi, l’ambition de l’ASSE doit être de rivaliser avec les quatre équipes visant à la Ligue des Champions. Sur ce qu’on a vu en 2018, avec l’effectif qu’il y a eu sur la deuxième partie de saison, Sainté avait les armes pour décrocher Rennes et Bordeaux et se caler juste derrière le quatuor de tête. Maintenant on sait quels joueurs il faut recruter pour se battre avec le « Big Four » … Et on sait aussi ce que ça coûte de jouer avec des internationaux dans toutes les lignes. On mesure aussi leur influence sur les autres joueurs : avec eux, on a vu le meilleur d’Olé Selnaes, cela a permis au jeune Bamba de s’émanciper. Bien évidemment, ce ne sont pas des joueurs qui rentrent dans le fameux Salary Cap précédemment édicté à l’ASSE. Mais investir, c’est prendre des risques. Etre ambitieux, c’est prendre des risques également. »
Recueilli par Alexandre CORBOZ
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